Thématiques
Sous-titre
Le député Philippe Gomès comparaissait aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Nouméa. Le fondateur de Calédonie Ensemble répondait du délit de "prise illégale d'intérêts" dans une affaire juridiquement très complexe dont l'examen avait ét...
Contenu structuré

Il est reproché à Philippe Gomès, alors qu'il était président de Nouvelle Calédonie Energie entre 2016 et 2018, d'avoir participé aux débats et aux votes au congrès de diverses subventions en faveur de NCE, cette société privée constituée en 2016 pour gérer le projet de central au gaz de la SLN à Doniambo. Or c'est un délit réprimé par l'article 432-12 du code pénal qui prévoit que le fait par un élu de favoriser une société privée dont il est président peut constituer une prise illégale d'intérêt.


A sa création, NCE était censé piloter l'ensemble du projet de centrale, de sa conception à son exploitation. Un projet à 60 milliards de francs dont 47 issus d'un prêt garanti par l'Etat, 13 milliards de la défiscalisation et 650 millions de subventions. A l'époque, Philippe Gomès est président d'Enercal, et administrateur d'Eramet notamment, Philippe Germain président du gouvernement et Philippe Michel président de la province Sud. Et la justice se demande dans le dossier d'instruction de quelle manière Calédonie Ensemble a trusté le pilotage du projet de centrale. Et surtout pourquoi Philippe Gomès s'est accroché à la présidence de NCE jusqu'en novembre 2018, date à laquelle le conseil constitutionnel a jugé cette fonction incompatible avec son mandat de député.


"Je me bats depuis 2015 pour ce projet de centrale parce qu'il est urgent et concerne l'intérêt de la SLN et de tous les calédoniens", s'est défendu à la barre Philippe Gomès. Mais le procureur de la République ne l'entend pas de cette oreille. Selon Yves Dupas, le député de la deuxième circonscription a voulu porter seul le projet sans jamais penser être mis en difficulté par ce mélange des genres. Et si le procureur reconnaît que Philippe Gomès n'a tiré aucun profit personnel de cette situation, il a, selon Yves Dupas, soutenu l'intérêt général de manière contestable. Et le procureur réclame au tribunal 6 mois de prison avec sursis, tout en écartant la peine d'inéligibilité.


Pour la défense, le bâtonnier Frédéric de Greslan est revenu sur l'urgence du projet. "C'est l'action qui entraine le risque. L'inaction jamais" a martelé l'avocat de Philippe Gomès, en réclamant la relaxe pure et simple de son client.
La décision a été mise en délibéré au 13 mai prochain.

image archive
6 mois de prison avec sursis requis contre Philippe Gomès