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Pour sa première visite officielle au Vanuatu depuis sa prise de commandement, le commandant supérieur des forces armées en Nouvelle Calédonie a inauguré vendredi 15 décembre plusieurs salles de classe de l’école Sainte Jeanne d’Arc de Port Vila. ...
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Au Vanuatu, tout le monde connaît Castor. Depuis plus de vingt ans, lorsque les éléments se déchaînent, détruisent, ravagent, Castor panse les plaies, sèche les larmes des enfants, restaure, rebâtit. Quand la terre tremble, que les vents furieux soulèvent les toitures, Castor n’est jamais loin. Et il ne vient jamais seul. Il a toute une armée de castors qui savent tout faire de leurs mains, et qui ne comptent pas leurs heures pour réparer les caprices de la ceinture de feu.


Vendredi, à Port Vila, le général Yann Latil avait de quoi être fier. Car cette mission du cœur est au cœur des missions des FANC. En recevant en cadeau une pirogue symbole des départs et des retours, le COMSUP avait le sourire. Pas celui des vainqueurs, mais cet éclat du chef qui perçoit dans le regard de ses troupes toute la force de leur engagement. Et dans les embrassades des populations l’étendue de leur gratitude.


En mars, déjà, les hommes du régiment d’infanterie de marine du Pacifique avaient été les premiers sur place, après les deux cyclones consécutifs qui avaient frappé l’archipel. Le chef de corps, le colonel Hubert Morot se souvient. « J’avais déployé un détachement qui avait fait du tronçonnage et de la réouverture d’itinéraires à Tana, et dans la continuité nous avons entièrement rebâti cette école. Je suis fier de la polyvalence de mes soldats. »


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A l’école Sainte Jeanne d’Arc de Port Vila, Judy et Kevin ont détruit 80 % des bâtiments. Plus de toit, plus de fenêtres, plus d’électricité. « Quand le cyclone a tapé, raconte la doyenne des enseignantes de cette école francophone, j’ai pleuré. Et puis on m’a dit que les castors étaient arrivés, alors je suis venue, et j’ai vu nos amis français, comment ils ont travaillé…Aujourd’hui les tous petits ont des classes toutes propres. »


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Charpente, menuiserie, maçonnerie, peinture : en moins de trois semaines, les castors ont retapé les classes, avec l’appui des forces de défense du Vanuatu, les VMF. Une mission qui a vocation à se poursuivre, avec les nouveaux moyens mis en œuvre par la loi de programmation militaire et annoncés à Nouméa par le Ministre des Armées. « Aujourd’hui, nous sommes venus avec un Casa qui transporte trois à quatre tonnes de matériel, précise le général Latil. Demain, ce sera avec un A400 M, qui peut en emporter trente. Le matériel qui a servi à la rénovation de cette école a été transporté par le d’Entrecasteaux. Nous avons un premier patrouilleur outremer de nouvelle génération, demain un deuxième. Tout cela va être mis à contribution au bénéfice de la souveraineté des états et de la protection des populations. »


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A Port Vila, l’écho des manifestations indépendantistes qui ont accompagné la visite de Sébastien Lecornu a sonné creux. Accusé de « militariser » la Nouvelle Calédonie, le Ministre des Armées ne s’attendait sans doute pas à en prendre pour son grade, mais ces critiques relèvent du fantasme pour l’ambassadeur de France au Vanuatu, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer. « Nos militaires sont là au quotidien pour œuvrer au profit des populations à la demande des autorités locales. Cela n’a rien à voir avec le fait de se préparer à la guerre. »


Vendredi soir, les castors du RIMAP sont rentrés à Nouméa avec des souvenirs émouvants plein les paquetages. C’est une joie intime, une fierté silencieuse. Pendant qu’à Nouméa certains font du bruit, à Port Vila, la France reconstruit.


Gilles Ménage

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CASTOR 23 : LA MISSION PACIFIQUE