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Une affaire hors normes traitée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Nouméa. Trois magistrats professionnels devaient se prononcer sur une demande d'extradition adressée par la Chine au ministère français des affaires étrangères…
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Et cette demande concerne un ressortissant chinois qui se souviendra sans doute longtemps de son arrivée à l'île des pins le 17 avril dernier. Alors qu'il effectue une croisière depuis l'Australie que lui a offert sa compagne, cet homme de 64 ans est arrêté par les gendarmes qui lui signifient qu'il est recherché par Interpol. Une fiche rouge a en effet été émise par la police internationale à la demande de Pékin, qui l'accuse d'avoir participé à une vaste escroquerie à base de détournement de fonds pour laquelle 89 personnes ont déjà été condamnées en Chine.


NING SHU SHUAN, c'est son nom, a quitté la Chine où il était manager d'une société commerciale impliquée dans le scandale, il y a neuf ans, pour rejoindre toute sa famille installée à Sydney. Là, il déclare avoir fait plusieurs petits boulots, gardien d'immeuble, jardinier, livreur, et affirme n'avoir jamais eu le moindre contact avec la police australienne. L'homme se déclare chrétien, anti-communiste, et répète sa crainte d'être renvoyé en Chine.


Car même si la chambre de l'instruction a tenté, ce matin, de comprendre ce qui était reproché à Ning Shu Shuan, ce n'est pas sur le fond du dossier que la cour doit statuer mais sur la légalité de la demande d'extradition. Et, sur ce point, l'avis du procureur général est clair : Christian Pasta a demandé un avis favorable à l'extradition car, selon lui, l'ensemble des règles internationales a été respecté. Ce n'est évidemment pas l'avis de la défense. Pour Me Stéphane Bonomo, la France ne peut pas extrader un homme vers un pays où ses droits fondamentaux ne sont pas garantis.


A l'appui de son propos, Me Bonomo a cité un rapport accablant de l'ONU sur la façon dont la justice est rendue en Chine, avec un chiffre : 99% des gardés à vue passent aux aveux. Un record mondial.


Reste que depuis 71 jours, Ning Shu Shuan est placé sous écrou extraditionnel au camp-est. La chambre de l'instruction rendra son avis dans 4 semaines mais son avocat va déposer une demande mise en liberté. Le 24 juillet, la cour d'appel doit donc émettre un avis sur la demande d'extradition. S'il est défavorable, l'homme sera remis en liberté immédiatement. Mais s'il est favorable, la décision sera attaquée en cour de cassation. En dernier ressort, c'est le Premier ministre Edouard Philippe qui devra signer, ou non, le décret d'extradition.

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Demande d'extradition jugée