Vendredi dernier, huit soignants calédoniens sont partis en mission spéciale d’un mois pour aider les équipes médicales de Polynésie. Ils répondaient à l'appel à l'aide lancé par le gouvernement de Papeete. Nous les avions rencontrés avant leur départ à La Tontouta. Après un peu moins de 4 jours sur place, Anne, une infirmière qui fait partie de cette mission, nous a livré son témoignage.
« L’hôpital ne reçoit quasiment que des patients covid. C’est assez incroyable quand on le vit. Avec des volumes d’oxygène qui sont très, très importants. Pour donner un ordre d’idée, ce sont des volumes d’oxygène que l’on donne uniquement pour les accidents de plongée sur des courtes périodes et de façon exceptionnelle. Si on diminue ou on arrête l’oxygène rien que pour aller aux toilettes ou prendre une petite douche, le volume d’oxygène des patients baisse très, très rapidement. Ils sont vite très essoufflés et mettent une demi-heure à récupérer. Un patient qui a voulu se lever seuls sans nous appeler, juste pour uriner en se mettant sur le fauteuil à coté est même décédé. C’est assez choquant. Le nombre de décès est vraiment assez hallucinant, je n’ai jamais vu jusque-là dans ma carrière. Je suis touchée de voir cette situation. Le vivre c’est vraiment choquant. »
Une situation dramatique donc, avec un hôpital surchargé par les patients, et de nombreux décès. Le taux d'incidence en Polynésie française frôle les 3000 cas pour 100.000 habitants. C'est plus de dix fois le seuil d'alerte pour un département de métropole.