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Le procès en appel d'Olivier Pérès s'est ouvert hier matin devant la cour d'assises de Nouméa, et il est prévu pour durer au moins une semaine. Condamné en première instance à 20 ans d'emprisonnement, le chirurgien revient devant la cour plus de q...
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Cette première journée du second procès d'Olivier Pérès promettait d'abord un coup de théâtre qui n'a pas eu lieu. Les trois avocats de la défense avaient en effet introduit une demande de renvoi qu'ils ont argumentée en ouverture des débats. Ils considéraient que l'utilisation de la visio-conférence pour entendre deux des trois experts et quelques-uns des 37 témoins était préjudiciable au débat contradictoire et donc aux droits de la défense. Non, a répondu la cour d'assises, qui a rejeté cette demande tout comme la suivante, qui consistait à demander une expertise médicale complémentaire afin de déterminer si l'état de santé du chirurgien est compatible ou non avec des audiences tardives.
Son état de santé, il en a beaucoup été question au premier jour de ce nouveau procès. Car Olivier Pérès a changé. Affaibli, amaigri, parlant d'une voix basse et fatiguée, l'image qu'il donne est aux antipodes de l'arrogance extrême qu'il avait affichée en première instance, et on sent bien que ses avocats n'y sont pas pour rien.
Car cette affaire repose en grande partie sur la confrontation entre deux personnalités fortes, pour ne pas dire excessives. Celle d'un brillant chirurgien qui dit avoir été manipulé jusqu'à la terreur par Eric Martinez, le voisin un temps ami qui s'était inventé un passé de commando dans les forces spéciales avant de lui voler sa femme et de menacer ses enfants.
Entendu pour la première fois hier après-midi, Olivier Pérès, parfois debout, parfois assis, ne conteste pas certains excès de langage et notamment dans le livre qu'il avait publié avant son premier procès. Il dit aujourd'hui avoir beaucoup compris en parlant avec les psychiatres, sur sa peur et sa colère, et même s'il ne va pas jusqu'à demander le pardon, il dit aussi éprouver de la compassion pour les victimes.
Et on se dit alors que la clé de ce procès, c'est Olivier Pérès lui-même qui la détient, même si les faits sont têtus. Car il y a dans ce drame une cartouche de chevrotine de trop. La troisième. Celle qui a valu au chirurgien d'être condamné en mars 2022 à 20 ans d'emprisonnement pour l'assassinat d'Eric Martinez.

Aujourd'hui l'audience débutera à 14h pour permettre l'audition en visioconférence vers 18h, du premier expert psychiatre.


Gilles Ménage

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Procès Péres : la défense change de ton