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Au troisième jour du procès d'Olivier Pérès, l'audience a été marquée par les témoignages très attendus de Mathilde Pérès, la femme de l'accusé, et Laurence Martinez, la veuve de la victime. Deux témoignages censés éclairer la cour sur les circons...
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Si cette audience avait attiré tant de monde que la cour a dû refouler quelques mécontents, c'est bien parce qu'on attendait de ces deux femmes le début du commencement d'une vérité sur le drame de Tina. Mais avec le témoignage de Mathilde Pérès, les choses ont mal commencé. Fragile, désordonnée, hésitante, perdue dans la chronologie des faits, des dates, des lieux, des circonstances, elle témoigne pendant quatre heures sans parvenir à apporter aucune certitude sur les menaces qu'aurait proféré Eric Martinez, avec qui elle trompait son mari, et sans même réussir à répondre autrement que par le silence à la simple question : aujourd'hui, vivez-vous encore avec votre mari ? Non, elle n'a pas été violée par Eric Martinez comme le prétend Olivier Pérès. C'était donc une relation librement consentie ? Non plus.


C'est alors qu'a la fragilité de ce témoignage a succédé un moment dont la cour se souviendra longtemps : le témoignage de Laurence Martinez. Cette femme de 57 ans, frêle et mince qui assiste aux débats depuis le début en serrant son fils dans ses bras, s'est avancée droite vers la barre. Au milieu des larmes, elle raconte :
"le 13 septembre 2018, j'ai pris un TGV dans la figure. Mon mari venait d'être assassiné par un homme pour qui j'avais de l'amitié et qui avait toute ma confiance. Je ne comprenais rien. C'était irréel. Lorsqu'on nous a rendu le corps il était trop abîmé pour qu'on puisse lui dire au revoir. Et c'est devenu un cauchemar lorsque j'ai découvert les choses hallucinantes que mon mari racontait, et qu'il m'avait trompé. Comment ai-je pu passer à côté de tout çà ? Personne ne m'a jamais alerté et maintenant, à chaque fois que je ferme les yeux, je vois le mot Trahison."


La cour d'assises est silencieuse comme jamais depuis le début de la semaine, pour la première fois Olivier Pérès baisse la tête, et Laurence Martinez poursuit :
"Tout ce que j'ai lu et entendu ne correspond en rien avec ce que j'ai vécu avec mon mari pendant 23 ans. Sans mon fils et mes parents je ne serais plus là. Ils sont ma bouée de vérité dans un océan de mensonges, Mais je ne lâcherai pas. J'ai travaillé pour être indifférente, et puis il y a eu ce livre. Mes avocats m'ont dit de le lire. J'ai vomi tellement c'était ignoble de caricatures et de mensonges. Olivier Pérès était un ami. Il ne m'inspire à présent que du dégoût. Pour moi, il est mort en même temps que mon mari."
Laurence Martinez se tait. La salle accuse le coup. Le président Billon prend le temps de cette émotion avant de relancer. Mais Laurence n'a pas terminé et demande la permission de s'adresser à l'accusé directement. Il se lève. Elle le regarde et lui dit en pleurant de nouveau :
"Olivier, si tu veux que nous entrions tous sur le chemin du pardon, arrête !"
Mais le docteur est enfermé depuis trop longtemps sans doute dans son système de défense et se rassoit. Dommage, car on venait sans doute de voir éclore la toute première étincelle de vérité de ce procès.


Un procès qui se poursuit aujourd'hui avec un interrogatoire lui aussi très attendu, celui d'Olivier Pérès. Les plaidoiries devraient occuper la journée de vendredi.

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Procès Pérès : La femme de l'accusé et celle de la victime à la barre hier