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Journée dense hier aux Assises de Nouméa pour la 2e journée du procès d’Olivier Pérès, accusé de l’assassinat d’Eric Martinez le 13 septembre 2018. La Cour s’est consacrée à la personnalité de la victime et aux rapports d’expertises psychiatriques...
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Dans une salle toujours aussi comble, la Cour a écouté avec attention les deux rapports d’expertise du docteur Guy Southwell, qui exerce à Koumac, et du docteur Roland Coutenceau en visioconférence depuis Paris.
Les deux experts s’accordent pour dire qu’Olivier Pérès n’a aucun antécédent psychologique, problème psychiatrique, ou trouble de la personnalité. Ils lui reconnaissent un caractère égocentré, sûr de lui, qui a du mal à se mettre à la place des autres. Mais ça s’arrête là.


Autre point sur lequel leurs rapports convergent, le jour des faits l’ancien chirurgien n’a pas agi pour des raisons passionnelles.
Le docteur Southwell accrédite la thèse de la peur face à un homme manipulateur, mythomane, qui se faisait passer pour un ancien militaire dangereux aux actions secrètes.
Pour lui, Olivier Pérès était sous l’emprise d’Eric Martinez ; il était terrorisé comme en atteste une lettre, un dépôt de plainte, ou encore sa demande de protection policière… et il était également dans un grand état de fatigue, dormant mal depuis 15 jours.
Pour l’expert, les choses sont claires, son discernement était altéré au moment des faits, et il dit même comprendre sa position subjective de légitime défense face à un homme qui disait avoir tué des enfants au Rwanda, fait disparaitre des corps, ou encore capable de détourner des satellites pour surveiller madame Peres.


Pour le 2e expert, le docteur Coutenceau, Olivier Peres n’a pas manifesté de jalousie maladive ou de sentiment d’abandon après avoir appris que sa femme avait été infidèle et pouvait le quitter pour Eric Martinez. Selon lui, le chirurgien était dans un état anxiodépressif… qui peut entraîner l’altération du discernement. L’expert est moins catégorique, il émet une hypothèse et ne s’explique pas de manière formelle la raison du 3e coup de feu mortel.


Après la déposition des deux experts, on comprend que selon eux, Olivier Peres a été fasciné dans un premier temps par Éric Martinez, avant de le craindre par la suite, et de finir par vouloir inverser la peur. Et que dès lors, Éric Martinez a été victime de son personnage fictif d’ancien des forces spéciales qu’il s’était créé.


11 témoins


Une journée lors de laquelle la Cour a entendu pas moins de 11 témoins et lu plusieurs procès-verbaux d’auditions pour étudier la personnalité d’Éric Martinez et déterminer si celle-ci aurait pu déclencher le passage à l’acte d’Olivier Peres.


Il est ressorti des débats que la victime était quelqu’un de sympathique, jovial, toujours prêt à rendre service, qui s’occupait de sa belle-mère handicapée comme de sa propre mère… un bon père de famille, pédagogue, exigeant, mais aussi un homme infidèle, aux gestes déplacés, lourd dingue avec les femmes, un prédateur sexuel qui usait de manipulation, de chantage, de lien de subordination pour obtenir des faveurs sexuelles.
Une ancienne commerciale a ainsi reçu un mail contenant 3 photos de leurs ébats qui avaient été filmés en cachette. Et pour qu’elle puisse continuer à travailler, il lui avait soumis un échéancier sexuel !


Plusieurs témoins ont été convoqués également par les parties civiles pour devancer plusieurs thèses de la défense. Ils ont ainsi démonter l’idée qu’Éric Martinez se promenait sur le golf avec des armes à feu ; que sa veuve Laurence était machiavélique et aurait pu proférer des menaces au nom de son mari.
Sa témoin de mariage et marraine de son fils, l’a décrite ainsi comme une bisounours, même trop gentille. Et son frère a réfuté l’idée qu’elle était une femme soumise.
Enfin, les parties civiles ont piqué la défense en demandant au frère de Laurence Martinez, en sa qualité de médecin, quelle était la règle n°1 du code de déontologie des médecins… et lui de répondre : le respect de la vie humaine.


Les débats se sont achevés hier peu après 22h et reprendront ce matin à 08h pour la 3e journée de ce long procès.

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Procès Pérès : la personnalité de la victime étudiée et expertise psychiatrique de l'accusé