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Le procès en appel d'Olivier Péres marqué hier soir par le malaise dont l'accusé a été victime en fin de journée. A l'issue d'une longue séance en visioconférence avec Toulon, le docteur Péres a fait un malaise a l'extérieur du palais pendant une ...
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La cour d'assises a donc entendu hier soir le témoignage de l'expert psychiatre qui avait examiné le chirurgien à plusieurs reprises depuis 2018. Une audience réalisée en visioconférence depuis la métropole…


Et dès ses premiers mots depuis le tribunal judiciaire de Toulon où la liaison a été installée, le docteur Guy Southwall n'y va pas par quatre chemins : l'affaire est tellement complexe qu'il a jugé bon de s'adjoindre l'expertise d'un second psychiatre, pour tenter d'appréhender la personnalité d'Olivier Péres, de deviner la part de réalité de ses peurs, de cette panique qui l'aurait envahi face à la menace qu'aurait représenté Eric Martinez pour lui-même et sa famille.
Guy Southwall s'est entretenu à cinq reprises avec Olivier Péres. Il décrit un homme à l'enfance aisée et heureuse, brillant chirurgien, totalement normal psychiquement même s'il relève un léger excès d'ego. Dès lors, l'expert ne s'explique pas à première vue l'incroyable dynamique criminelle dans laquelle s'est engagé cet homme qu'on aurait pu qualifier de "bien sous tous rapports" sans ce drame et ses conséquences.
Il faut donc chercher plus loin, et c'est dans le rapport qu'Olivier Péres a entretenu avec Eric Martinez que le docteur Southwell dit avoir trouvé des réponses, à défaut de certitudes. En réalité, Péres a cédé peu à peu à une sorte de fascination pour le personnage de Martinez, capable de lui faire croire qu'avec un commando de la DGSE, il avait libéré la femme du Shah d'Iran, ou qu'il était capable de détourner des satellites pour surveiller son épouse en stage d'acupuncture au Vietnam. Cette inflation imaginaire, c'est ce que l'expert appelle : une suspension d'incrédulité.
Quand vous allez au cinéma explique le psychiatre, vous êtes capable de croire pendant une heure et demie à l'histoire du film, même si elle est folle ou impossible. Comment Olivier Péres a-t-il pu croire aux bobards de Martinez ? Cela n'a rien à voir avec l'intelligence ou le milieu social, répond l'expert. C'est une emprise qui s'installe peu à peu et qui existe dans tous les rapports humains, à un degré moindre évidemment.
La question cruciale vient alors : Olivier Pérès avait-il vraiment peur, ou bien s'est-il organisé pour faire croire à sa panique ? Si c'est le cas, répond le docteur Southwell, alors son machiavélisme doit figurer dans les annales judiciaires.
L'expert croit donc à une peur panique sincère, et affirme, comme son confrère, que le meurtre n'était pas prémédité, et que le discernement d'Olivier Pérès au moment des tirs était altéré. Altéré. Mais pas aboli. La différence se compte en années de prison.


Gilles Ménage

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Procès Péres : le malaise de l'accusé