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Première journée de travail sur les conséquences du oui et du non pour les délégations calédoniennes à Paris. Après Matignon elles ont été réunies toute la journée de jeudi, rue Oudinot, au ministère des Outre Mer.
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Au lendemain de la rencontre avec le Premier ministre, elles ont été réunies toute la journée de jeudi, rue Oudinot, au ministère des outremers pour examiner le fameux document de l'Etat qui détaille quelles seraient les conséquences pour la Nouvelle-Calédonie, en fonction du résultat de la 3ème consultation. Des réunions qui ont duré plus longtemps que prévu.


Elles ont débuté le matin à 9h et elles se sont terminées vers 21h heure de Paris.


Beaucoup plus tard que prévu ce qui a entrainé un contretemps puisque les délégations étaient attendues à 20h au Sénat par le président du Sénat Gérard Larcher pour un diner qui aura débuté avec beaucoup de retard.


Des réunions longues donc mais studieuses avec au menu de la journée, le droit international et le droit interne, la monnaie, les accords commerciaux, le nickel, et les finances publiques.


Pour chaque secteur, il s'agit de faire le point sur les conséquences qu'aurait un oui ou un non à l'indépendance. Ce qui changerait, ce qui évoluerait, les dispositions qu'il faudrait prendre. Dans ce travail un peu ardu, les calédoniens sont accompagnés par le ministre des outremers, Sébastien Lecornu, par des techniciens des différents ministères et par des experts comme le professeur de droit constitutionnel, Ferdinand Melin Soucramanien.


Echanges techniques


A la mi-journée, c'est Gil Brial qui a dressé un premier bilan au nom de l'Avenir en Confiance en affirmant que cette première matinée de travail était "positive". Selon lui, cela a le mérite de mettre les indépendantistes face à leurs contradictions.


Ces échanges sont très techniques soulignent les différents participants et la balle est souvent dans le camp de l'Etat qui doit apporter un certain nombre de réponses. C'est à lui de dire ce qui est possible et ce qui est impossible sur les accords internationaux, l'appartenance à l'Union européenne et à l'espace Schengen, la nationalité ou encore le modèle économique… 


Et c'est notamment à la monnaie qu'ont été consacrés les travaux de l'après-midi avec des constats sans appel à en croire Nicolas Metzdorf qui fait partie de la délégation de l'Avenir en confiance. "Si la Nouvelle Calédonie devenait indépendante il y aurait forcément la création d'une monnaie calédonienne. L'Etat a été clair sur les conséquences : il faudra s'attendre à une dévaluation de notre pouvoir d'achat de 50%".


Les indépendantistes ont, bien sûr, une autre interprétation des choses. Ils se félicitent que l'Etat ait fait un point de situation et donné des chiffres précis. Pour Gilbert Tyuienon, le 1er Vice Président de l'Union calédonienne, c'est aussi la preuve qu'il fallait être à Paris pour discuter de ces questions. Et globalement, les élus calédoniens saluent la méthode et le travail de l'Etat, comme Milakulo Tukumuli de l'Eveil océanien


Parmi les autres thèmes abordés celui du corps électoral avec la question de savoir, si le non l'emporte une 3ème fois, à partir de quand le corps électoral sera-t-il dégelé. 


Des questions qui font débat même si l'objectif n'est pas de négocier quoi que soit.


Il s'agit uniquement, au stade actuel d'explorer le droit, et d'imaginer des scénarios en fonction du résultat du référendum qui – c'est un fait non contesté – mettra définitivement un terme à l'Accord de Nouméa.


Ce vendredi, les travaux vont reprendre, rue Oudinot, selon le même format avec à l'ordre du jour, l'éducation, la santé, les transports mais aussi la sécurité et la justice. 


"Dialogue à trois"


Et au terme de cette 2ème journée, Sébastien Lecornu s'est entretenu, de façon informelle avec les journalistes. Il révèle qu'il y a "un vrai chemin de vérité et il y a un vrai dialogue à trois." Le ministre des outremers estime aussi, dans un tacle aux représentants de l'UNI, que les absents ont tort, et il déclare que la mécanique a bien fonctionné et que tout le monde a compris la règle du jeu.


Ouvertement, l'intention de l'Etat c'est d'enrichir et de compléter le débat et la campagne de la 3ème consultation. L'objectif est que ce 3ème référendum soit le moins binaire possible. "Et si on n'arrive pas à sortir du binaire indique Sébastien Lecornu, ce sera du binaire beaucoup plus éclairé, par rapport au précédent référendum".


Ces rencontres parisiennes permettraient donc de faire le point clairement sur ce que la France apporte à la Calédonie et donc sur ce que la Calédonie perdrait si elle choisissait l'aventure de l'indépendance. 


Mais l'Etat entrouvre aussi des portes sur les solutions qui pourraient s'offrir un Etat indépendant et c'est ce qui crée un certain malaise.


Certains pensent aussi qu'au travers de cet exercice, à la fois technique et pédagogique, l'Etat cherche surtout à occuper le terrain, voire à amuser la galerie, plutôt que d'aider à la recherche d'une solution d'avenir pour la Nouvelle-Calédonie. 


Il chercherait aussi à gagner du temps, alors que – justement – la Calédonie n'a pas de temps. C'est ce qui justifie d'ailleurs la demande des Loyalistes d'organiser le plus vite possible le 3ème référendum pour sortir enfin de cette spirale infernale et ouvrir des perspectives d'avenir.


Le sénateur Pierre Frogier l'a dit sans ambages au Premier ministre : "Organisez ce référendum le plus tôt possible, pour que nous puissions nous projeter dans la construction d’une solution commune."


Pierre Frogier qui a aussi interrogé Jean Castex : "Quel chemin nous proposez-vous désormais ? Autrement dit, que faisons-nous ici, à Paris ?"


La question n'a pas encore de réponse et même Sébastien Lecornu reconnaissait ce soir que "bien malin qui pourrait dire, au soir du deuxième jour, ce qui sortira de ces discussions".

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Le OUI et le NON étudiés à Paris