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Après la signature de deux accords, Pierre Frogier propose de négocier un désaccord. Le sénateur s'exprimait cette nuit pour nous, à Paris, lors de la séance du Sénat consacrée à l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
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Ce débat dense de près de deux heures avait été demandé par le groupe Les Républicains auquel appartient Pierre Frogier et c'est lui qui a pris la parole en premier pour s'interroger sur les suites de l'Accord de Nouméa, alors que personne ne sait comment on en sort, et que personne ne sait ce qui va se passer.


Cette situation génère une profonde et légitime inquiétude pour une population qui a conscience de se trouver dans une impasse sans perspective d'avenir, déclare le sénateur calédonien. Il rappelle l'histoire récente et déclare que le référendum est un exercice inutile puisque aucun des deux camps ne se soumettra jamais aux convictions de l'autre. Quel que soit le résultat, nos convictions et celles des indépendantistes ne varieront pas affirme Pierre Frogier qui ajoute que ces référendums à répétition sont devenus un engrenage infernal qui anéantit toute capacité de dialogue.


Et Pierre Frogier tire les conséquences de cette impasse dans laquelle nous nous trouvons.


Négocier un désaccord, explique Pierre Frogier, c'est l'assurance d'une coexistence apaisée, dans le respect de nos identités et de nos différences. 


Et il a tracé les grandes lignes de la solution politique et institutionnelle qu'il propose. Elle se base sur deux principes : 


Le premier, c'est la nécessité d’avoir cette terre en partage. 


Le second, c'est de réaffirmer la prééminence de la collectivité provinciale.


Le sénateur calédonien en vient ensuite au détail de cette solution institutionnelle en commençant par le rôle et la place des provinces. Et après la collectivité provinciale, Pierre Frogier précise l'organisation institutionnelle qu'il envisage. Le dernier point de cette construction institutionnelle, c'est donc une charte dont Pierre Frogier précise le rôle et les contours


Voilà pour les grandes lignes de la solution institutionnelle innovante que Pierre Frogier a formulée devant le Sénat.


Dans sa conclusion, il a évoqué le rôle de l'Etat en s'adressant directement au ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu et en évoquant les calédoniens qui continuent à cheminer dans les ténèbres.


Ce sont ensuite les orateurs des différents groupes qui se sont exprimés dans l'hémicycle.


Et la proposition de Pierre Frogier a été immédiatement commentée par ses collègues avec, notamment, les critiques du sénateur socialiste Patrick Kanner ou celles de Gérard Poadja, le sénateur Calédonie ensemble qui a accusé Pierre Frogier de vouloir la partition de la Nouvelle-Calédonie.


Gérard Poadja, le sénateur Calédonie ensemble, apparenté Union centriste, a déclaré qu'il ne voulait pas d'un 3ème référendum binaire et qu'il proposait de substituer à cette 3ème consultation, un référendum de rassemblement.


Il a expliqué que s'il était possible de poser par le dialogue, les bases de ce référendum de rassemblement, il pourrait être organisé en septembre 2022. Sinon, autant organiser le 3ème référendum dès la fin 2021, afin d’ouvrir le plus rapidement possible, les discussions sur l’après accord de Nouméa. Gérard Poadja qui s'en est pris directement à la proposition de Pierre Frogier


Et après Gérard Podja, c'est le sénateur socialiste Patrick Kanner qui a critiqué vivement la proposition de Pierre Frogier. Patrick Kanner qui défend en revanche une solution, celle de l'indépendance association.


A l'inverse, Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat a fait sienne la proposition de Pierre Frogier. Il estime que l'heure est grave, que deux "Calédonie" se font face et qu'il faut inventer un nouveau compromis. Bruno Retailleau qui a par ailleurs appelé l'Etat à ses responsabilités.


Il a également souhaité l'organisation la plus rapide possible du 3ème référendum. Et ce sont neuf sénateurs, issus de tous les groupes politiques qui sont intervenus dans ce débat très dense qui a duré près de deux heures.


Et c'est le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, qui a souvent été interpellé par les orateurs, qui a conclu les prises de paroles. Il a déclaré que, dans cette Océanie compliquée, il faut se garder des idées simples.


Le ministre des outremer a notamment évoqué la prochaine réunion à Paris des responsables politiques calédoniens et le document sur les conséquences du OUI et du NON qui sera transmis aux responsables calédoniens avant leur départ pour Paris.


Sébastien Lecornu a également évoqué le calendrier du 3ème référendum. La décision sera prise par décret par le gouvernement et aucune hypothèse n'est écartée. Le ministre des outremers qui souhaite que tous les responsables calédoniens acceptent l'invitation du Premier ministre à venir à Paris. Sébastien Lecornu a terminé son propos en évoquant la proposition institutionnelle formulée par Pierre Frogier.


Et le ministre affirme que la proposition du sénateur calédonien doit être discutée.


Sébastien Lecornu a également évoqué la consultation de la population calédonienne ou encore la solidarité nationale au travers de l'aide pour faire face à la crise sanitaire. Il a affirmé aussi que l'Etat de droit est de retour en Nouvelle-Calédonie et il a rendu hommage aux forces de l'ordre qui se sont exposées dans le conflit autour de l'usine du Sud.


Et je vous rappelle que la proposition politique et institutionnelle de Pierre Frogier sera bientôt disponible sous la forme d'un petit livret intitulé "Et maintenant, sachons négocier un désaccord".

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La proposition de Pierre Frogier