Même si elle apparaissait, depuis des mois, comme inéluctable, la décision de KNS de lancer la procédure de licenciement collectif, pour motif économique, de ses 1200 salariés est, incontestablement, une très mauvaise nouvelle pour l'économie calédonienne.
Une de plus, alors qu'elle s'enfonce, chaque jour davantage, depuis l'attaque brutale dont elle a été la cible le 13 mai alors qu'elle était déjà auparavant quasiment exsangue.
Mais la lente agonie de l'usine du Nord ne laisse personne indifférent parce que c'est véritablement la fin d'un rêve, un de plus.
Pour les uns, le rêve du rééquilibrage économique, pour les autres, le mirage d'une industrie du nickel qui pourrait financer l'indépendance. La doctrine nickel laisse un champ de ruine, un de plus et c'est, sur de nouvelles bases, qu'il faudra reconstruire.
Le pacte nickel n'aurait peut-être pas sauvé KNS mais il aurait, au moins, donné une bouffée d'oxygène à tout un secteur et ceux qui se sont acharnés à le détruire portent aujourd'hui une terrible responsabilité.
La stratégie nickel devra impérativement être abordée lors des prochaines discussions qui pourraient s'ouvrir dès le mois de septembre à Paris et ce sera forcément l'un des objectifs de la reconstruction à venir. Il faudra toutefois que Bercy soit de très bonne volonté pour nous proposer un nouveau plan de redressement après que certains aient mis tant de frénésie à détruire le premier.
Le Président de la République envisage donc une reprise des discussions dès septembre. Il l'a dit au drôle d'aréopage qu'il a reçu jeudi à Paris, composé de quatre parlementaires qui sont soit des partisans de la France soit, des soutiens de la CCAT.
Il parait qu'il faut de tout pour faire la Calédonie.
Il leur a, aussi, annoncé son intention de reporter, de nouveau, les élections provinciales qui devaient se tenir avant le 15 décembre.
La doctrine officielle selon laquelle "en démocratie les élections se tiennent à l'heure dite" souffre des exceptions mais il faut dire que nécessité fait loi. Même si ce report doit encore être entériné par le Parlement – et que ce n'est pas gagné puisque l'on ne sait toujours pas quelle majorité va finalement se dégager à l'Assemblée nationale – on peut penser que ce report fera consensus en Nouvelle-Calédonie. La résilience a ses limites et si nous avons participés – certains à leurs risques et périls – aux élections européennes et aux élections législatives, on se voit mal se lancer dans une campagne pour les élections provinciales dans le contexte particulier que connait le territoire.
De toute façon, le cas de figure avait déjà été évoqué bien avant l'insurrection du 13 mai. Il était prévu que, dans l’hypothèse où un accord serait conclu et si nécessaire, ces élections pourraient être de nouveau reportées, au plus tard au 30 novembre 2025. La loi ajoute même que, dans l’hypothèse d’un report, les mandats des membres du congrès et des assemblées de province, élus en mai 2019, seront prolongés jusqu’à la première réunion des assemblées nouvellement élues.
Les prochaines provinciales devraient donc avoir lieu en 2025 et la dernière mandature de l'Accord de Nouméa sera donc aussi la plus longue. Mais – car il y a un mais – avec quel corps électoral se tiendront ces élections provinciales ? Parce que l'on a presque oublié que c'est parce qu'il fallait dégeler le corps électoral que l'on a reporté une première fois le scrutin qui devait – à l'origine – se tenir le 12 mai 2024.
Alors maintenant, on fait quoi ? On trouve, par miracle, un accord sur le dégel ou on organise, en 2025, des élections qui seront menacées de tous les recours si elles se sont déroulées avec un corps gelé ?
Personne n'a encore la réponse et on ne sait pas si cela préoccupe grand monde parce que, entre la crise politique, l'absence de gouvernement et les Jeux Olympiques de Paris, on a tout de même l'impression – pour paraphraser Jacques Chirac – que la Nouvelle-Calédonie brûle... et que tout le monde regarde ailleurs.