Il est difficile d'apprécier le sens de l'humour de la CCAT qui – après avoir laissé libre cours à sa folie destructrice et mis la Calédonie à genoux – affirme benoîtement avoir acté le maintien de sa mobilisation pacifique.
Ce n'est pas de l'humour bien sûr, c'est de la provocation.
Comme celles du groupe UC du congrès qui alerte sur l'état d’urgence socio-économique de la Calédonie ou qui déplore la perturbation des transports en commun, comme s'il n'y était pour rien.
Ils déplorent les effets dont ils chérissent les causes et cette inconscience, cette irresponsabilité ou cette indignité n'amusent décidément personne.
Mais les indépendantistes – quelque soit leur obédience – doivent plutôt rire jaune ces derniers temps et les plus lucides d'entre eux doivent s'interroger sérieusement sur l'issue de la crise. Parce que si l'UC a créé un monstre, c'est maintenant l'ensemble de la mouvance indépendantiste qui en est comptable et qui en a la responsabilité.
En juin, le FLNKS a réussi sa stratégie d'évitement – en partie grâce aux coutumiers – en reportant son congrès de Netchaot pour éviter la participation de la CCAT, mais combien de temps les composantes du Front vont-elles tenir ? D'autant plus que la cellule de coordination maintient la pression et réclame désormais un congrès ouvert à tous qui doit se réunir impérativement avant la fin du mois d'août.
Et pour faire bonne mesure, elle ajoute, à ces propos comminatoires, qu'elle proposera la candidature de Christian Tein à la présidence du Front. On atteint des sommets.
Les traditionnelles divisions des indépendantistes, entre l'UC et le PALIKA, sont aujourd'hui clairement dépassées. Les clivages sont multiples et ils vont au-delà de chacun des partis. Chaque mouvance veut être entendue et avoir voix au chapitre, quelle que soit son ancienneté, sa représentativité et sa légitimité. C'est ce qu'ils appellent le congrès populaire qui a vocation à intégrer tous les partis et syndicats au sein du FLNKS.
Et certains n'en veulent pas. C'est le cas, singulièrement du PALIKA qui soupçonne l'UC d'avoir suscité cette myriade de petites formations pour mieux prendre le contrôle de l'ensemble. Même si, au sein de l'Union calédonienne aussi, il existe des voix discordantes qui ne soutiennent pas cette stratégie.
Mais comme le PALIKA doit souffrir de voir le champ de ruine qu'est devenue la mouvance indépendantiste !
Au PALIKA, on est marxiste de formation et de tradition et on aime l'ordre. Le parti a tout fait pour acquérir une respectabilité même si, curieusement, son emblème est toujours orné d'un fusil et d'un casse-tête ce qui est quand même assez peu respectable, surtout par les temps qui courent...
Mais le PALIKA – qui a toujours souffert d'être le second du FLNKS, le parent pauvre, celui qui n'avait pas la légitimité de l'UC – a fait des efforts au point d'apparaitre aujourd'hui comme le moins radical au sein du front indépendantiste. Il a pour cela développé la stratégie de l'UNI, qui voulait s'ouvrir aux autres et prouver qu'une indépendance était possible avec tout le monde, qu'il suffisait de convaincre les autres de son bienfondé, en prônant une indépendance avec partenariat qui en a d'ailleurs séduit certains.
Le voilà embarrassé par une Union calédonienne incontrôlable dont le président annonce une insensée proclamation unilatérale de l'indépendance.
Le voilà opposé à une CCAT, créée par l'UC, qui enlève toute honorabilité à la revendication indépendantiste.
Le voilà, en plus, confronté aux déboires économiques de la province Nord provoqués par la sacro-sainte doctrine nickel.
On ne va pas forcément les plaindre mais certains indépendantistes doivent quand même avoir le blues aujourd'hui.