Image

"La patience n'est pas de la faiblesse". C'est l'une des formules lâchées par François Noël Buffet lors de sa première visite en Nouvelle-Calédonie comme ministre chargé des outremers. "La patience n'est pas de la faiblesse" dit-il avant d'ajouter "Nous pouvons être patients mais pas faibles".

Acceptons-en l'augure puisque le nouveau ministre veut mettre en avant une nouvelle méthode, inspirée de son expérience sénatoriale. Une méthode qui se veut – sans le dire publiquement – en rupture avec celle de ses prédécesseurs et, pour cela, il préconise d'apaiser les tensions et de recréer les conditions du dialogue.

"Il y a une Calédonie à reconstruire et un dialogue à renouer" a aussi déclaré François Noël Buffet qui mesure l'ampleur de la tâche.
L'un des avantages de cette visite, c'est qu'elle lui a permis de mesurer, réellement, la situation effroyable de la Nouvelle-Calédonie, la violence de l'insurrection et l'effondrement de l'économie calédonienne. 
Il les a touchés du doigt. Il les a constatés de ses yeux et ça change tout. 
On a enfin le sentiment, qu'à travers lui, l'Etat a mesuré la gravité de ce qu'il s'est passé il y a 5 mois et l'ampleur des conséquences de cette violence absolument inédite sur le territoire de la République.

Il faut donc établir des priorités et la première, pour lui, c'est de se consacrer urgemment à la relance de l'économie calédonienne. C'est une exigence qui fait l'unanimité même si ses différents interlocuteurs, notamment dans le monde économique, sont restés sur leur faim. Ils ne cachent pas leurs déceptions face à des annonces qui peuvent paraitre dérisoires en fonction des besoins et les attentes. Mais le ministre a prévenu, également, qu'il n'est pas un marchand de rêves. Et chacun a conscience de l'état des finances publiques alors que le gouvernement Barnier peine à établir son projet de loi de finances 2025.

Mais c'est aussi sur le deuxième volet de sa mission que l'on attend François Noël Buffet, celui de l'avenir institutionnel. Parce que sans confiance, il n'y aura pas de relance de l'économie mais le ministre des outremers n'a fait qu'entrouvrir le dossier en exprimant une volonté de renouer rapidement le dialogue mais sans fixer de véritable calendrier. Il faut dire que tout le monde veut se mêler du dossier. On attend les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale puis la mise en place de la mission interministérielle. Ça fait beaucoup de monde pour s'occuper de la Calédonie et autant de risques de voir les choses s'enliser.

Mais il va falloir être clair avant la reprise des discussions parce que l'on ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas eu le 13 mai. On ne peut pas reprendre les négociations – comme si de rien n'était – là où elles étaient avant les violences insurrectionnelles. C'est impossible parce que le FLNKS s'est complètement délité, parce que l'UC s'est largement discréditée et parce que le partenaire indépendantiste a globalement fait preuve de sa duplicité. Comment signer un nouvel accord – un hypothétique accord global – avec un interlocuteur qui ne respecte pas sa signature ? Comment s'engager avec un partenaire redevenu adversaire, qui a fomenté un coup d'Etat pour essayer de contourner le résultat des trois référendums ? 

Avant de reprendre les discussions sur l'avenir, il faut en repenser complètement l'architecture, déterminer les thèmes sur lesquels un accord est possible, savoir qui a la légitimité pour être autour de la table et reprendre les discussions sur la base des résultats du 12 décembre 2021. Ceux du 3ème référendum qui inscrivent l'avenir de la Calédonie dans la France. 

Cela fait bientôt 4 ans que les calédoniens attendent la concrétisation de leur vote. 
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont fait preuve de patience. 
Mais comme le dit le ministre des outremers, la patience n'est pas la faiblesse. 

Animateurs
Mis en avant
Oui
Fichier (audio)
Date