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Aujourd'hui, dans le dossier calédonien, c'est un peu la douche écossaise. Chaque semaine apporte son nouvel élément mais il est difficile de percevoir une cohérence.
Après le froid de Manuel Valls est-ce le chaud qu'Emmanuel Macron va faire souffler sur le dossier calédonien ?
On n'en sait rien et on a la désagréable impression de naviguer à vue depuis au moins plus de 4 ans et le 3ème référendum qui a exprimé le refus de l'indépendance.

Le 8 mai, on a vu un Manuel Valls vexé de l'échec – dont il a lui-même fait le constat – du conclave de Déva. Il est parti brutalement, presqu'en claquant la porte et il nous a laissé sans aucune perspective claire.
Mais quelques jours plus tard, le 16 mai, il a pris sa plume pour écrire aux groupes politiques et le ton a changé. Il annonce maintenant que le dialogue politique doit se poursuivre, au travers d'un comité de suivi qu'il veut réunir avant la fin du mois de juin. Mais, sur le fond, rien n'a changé. Pour Manuel Valls, le dialogue doit se poursuivre mais sur son projet qu'il détaille pour la première fois et que l'on a un peu de peine à comprendre. C'est toujours un projet de souveraineté avec la France et il permet – selon lui – de conjuguer des aspirations divergentes. Un projet d'indépendance mais ancré dans la constitution française. 
Comprenne qui pourra !
Le PALIKA pense avoir compris et il est satisfait. "C'est la première fois, dit-il, que l'Etat se positionne en faveur de l'indépendance." 
Il est clair que les indépendantistes auront de la peine, maintenant, à aller en deçà.

Ce qui va créer un vrai problème au plus haut sommet de l'Etat.
Emmanuel Macron, en effet, ne semble pas être sur la même longueur d'onde que son ministre des outremers. Selon le député Nicolas Metzdorf qui l'a rencontré, le Président de la République lui a répété que la souveraineté de la France était de sa prérogative. Le Chef de l'Etat qui a annoncé, au député calédonien, qu’à ce titre il prendra une initiative, dans les prochains jours, afin de relancer les discussions. 

On sait que le Chef de l'Etat avait été sans ambiguïté au soir du 3ème référendum et que, lors de sa venue en juillet 2023, il avait répété que "la Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a choisi de rester française".
Dans ces conditions, on s'étonne que le ministre des outremers ait osé – au mépris du résultat des urnes et des déclarations du Président de la République – donner raison à la violence et qu'il tente, encore, d'imposer l'indépendance. 

Alors, Emmanuel Macron va-t-il reprendre la main ou va-t-il récupérer à son compte le comité de suivi de Manuel Valls ? Le ministre de l'outremer ne l'entend pas de cette oreille et il proclame haut et fort que "le dossier calédonien, c'est lui et seulement lui." 

Mais ceux qui n'ont que le nom de Michel Rocard à la bouche, n'ont rien compris de sa méthode et n'ont rien retenu du subtil équilibre qu'il avait su créer. Et si on les laisse faire, on peut craindre le pire.
On n'essaie pas de concilier l'inconciliable, c'est impossible. On essaie simplement de concilier les antagonismes. C'est la clef de tout.
Et on n'essaie pas, en Nouvelle-Calédonie, de passer en force en affirmant que "c'est un accord ou le chaos" parce que l'on est sûr que, dans ces conditions, cet ultimatum débouchera sur une impasse.

Michel Rocard avait compris, lui, que ce que veulent les indépendantistes, ce n'est pas l'indépendance. Ce qu'ils veulent c'est le pouvoir et la reconnaissance de leur identité particulière. C'est la raison pour laquelle la grande innovation des accords de Matignon c'est la provincialisation qui permet ce partage équitable du pouvoir entre les deux légitimités qui coexistent en Nouvelle-Calédonie.

Michel Rocard doit se retourner dans sa tombe. Lui qui, il y a quelques 27 ans, avait fait le pari de l'intelligence, il doit souffrir de l'indigence de ses successeurs et de ceux qui se réclament de lui. Et il doit pester contre leur incapacité à résoudre l'équation compliquée dont il avait, lui, trouvé la solution.

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