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Le monde indépendantiste est dans le déni et c'est assez hallucinant.

Depuis des semaines maintenant nous assistons aux récriminations des populations du Nord et des Iles qui se plaignent des difficultés d'approvisionnement ou de la dégradation de leur système de santé quand ils ne déplorent pas la mort du tourisme.

Et c'est dans parler des habitants des quartiers nord de Nouméa qui tempêtent contre l'absence des transports en commun ou dénoncent la fermeture du collège de Rivière Salée. Et tous, ils regrettent une paupérisation qui les frappe, comme si c'était une injustice, voire une malédiction dont on ne connaissait pas la cause.

Mais ce n'est pas une catastrophe naturelle qui a provoqué la situation dramatique de ces populations et l'effondrement économique de la Nouvelle-Calédonie et c'est ce phénomène de déni – soigneusement entretenu par les élus indépendantistes – qui est proprement ahurissant.

Même s'ils n'y ont pas directement participé – et certains d'entre eux en sont incontestablement les victimes – beaucoup dans les provinces Nord et Iles ont soutenu – consciemment ou non – le mouvement insurrectionnel mais ils refusent aujourd'hui de faire le lien entre les émeutes et leurs conséquences, ou ils en font porter la responsabilité à d'autres. 

Ils sont véritablement dans le déni qui est "un refus inconscient de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable". La psychanalyse, nous explique que "c'est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d'une perception, ressentie comme menaçante ou traumatisante." 

Au rythme où ça va c'est à une psychanalyse collective que va devoir se livrer la Nouvelle-Calédonie sauf à expliquer à ces populations en déshérence que ce qu'elles vivent est un aperçu de ce que serait une accession à l'indépendance.

Mais avant la psychanalyse, il y a quelques priorités. Et d'abord, le rétablissement de l'ordre, partout, en commençant par la libération des habitants du Mont Dore Sud et le règlement de la situation de la tribu de Saint Louis, centre névralgique de la CCAT. Parallèlement, il y a la poursuite des procédures judiciaires et leur aboutissement qui ne devra épargner aucun des commanditaires ou des complices de l'insurrection.

Concomitamment, il faut aussi s'attaquer à l'économie avec la volonté de sauvegarder, reconstruire et refonder, un triptyque ambitieux, indispensable pour éviter la catastrophe sociale.

Et simultanément aussi, il faut apporter une réponse politique à la crise. Et ce ne sera pas le plus simple. Le Président de la République propose de réunir les partenaires calédoniens à Paris dès le mois de septembre, un pari ambitieux pour un rendez-vous qui semble prématuré. Mais d'un autre côté, il y a urgence et à défaut de la recherche d'un accord global qui a des allures d'horizon inaccessible, il va falloir trancher la date des élections provinciales et son corollaire, la question brûlante du corps électoral.

Deux sujets, sur lesquels il y aura, de part et d'autre, de fortes divergences. Côté indépendantiste, on semble privilégier des élections avant la fin de l'année mais sans toucher au corps électoral, ce qui est impossible. Et quand on sait que la CCAT réclame ces provinciales pour renouveler et rajeunir l’ensemble de la classe politique calédonienne, on se dit que cela ne fera pas l'unanimité au sein du FLNKS. Chez les partisans de la France on estime que les conditions ne sont pas réunies pour des provinciales avant la fin de l'année mais, d'un autre côté, on voit mal le maintien au pouvoir, pour plusieurs mois encore, de la majorité indépendantiste. 

Un casse-tête supplémentaire en perspective mais auparavant, ce sont les indépendantistes qui devront régler quelques problèmes lors d'un impossible congrès prévu à la fin du mois et lors de la célébration du 24 septembre puisqu'ils hésitent entre déclaration unilatérale d'indépendance et fête de la citoyenneté. 

Finalement, on comprend qu'ils préfèrent se réfugier dans le déni.

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