Avec eux, on n'est jamais au bout de nos surprises !
Ce qui apparaissait à n'importe quel observateur de la vie politique au mieux, comme une plaisanterie, au pire, comme une provocation, s'est concrétisé, samedi à la tribu de Pagou à Koumac. L'UC et la CCAT ont acté la nomination de Christian Téin à la présidence du FLNKS.
C'est une provocation, bien sûr, puisque le leader de la CCAT est mis en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime. Il est soupçonné d'être l'instigateur de la violence insurrectionnelle qui a détruit la Calédonie et qui a fait s'effondrer son économie.
Il est suspecté d'être l'un des organisateurs de la folie destructrice qui a créé le chaos dont on ne sait pas comment la Calédonie va se relever.
Et sa nomination – puisqu'il ne s'agit pas d'une élection – est symbolique puisqu'il ne pourra pas diriger le FLNKS depuis sa cellule de la prison de Mulhouse où il est incarcéré, à l'isolement, depuis le 23 juin.
Mais l'Union calédonienne a réussi un coup avec cette désignation puisqu'elle fera valoir, cyniquement, sur la scène nationale et internationale, que le porte-parole de la CCAT est un prisonnier politique puisqu'il est désormais – même si c'est un président fantoche – le leader du FLNKS, principal mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie.
C'est tout le but de la manœuvre mené par les stratèges de l'Union calédonienne.
L'UC et la CCAT avaient tenté un coup d'Etat le 13 mai dernier. Ils avaient voulu obtenir par la violence et par la force, l'indépendance que les calédoniens ont rejeté à trois reprises par référendum.
Une tentative de coup d'Etat raté mais l'UC et la CCAT ne désarment pas et ils viennent avec le RDO, de fomenter un putsch au sein du FLNKS.
Ils y ont fait rentrer tous leurs satellites qui vont du parti travailliste, au MNIS et au MOI, en passant par la Dynamique Unitaire Sud et l'USTKE et ils en ont ainsi pris le contrôle au détriment du PALIKA et de l'UPM qui se trouvent, de fait, mis en minorité d'autant plus qu'ils avaient choisi la non-participation face à la fuite en avant des autres groupes de pression du FLNKS.
Un FLNKS plus que jamais au bord de l'implosion, et qui a perdu sa légitimité d'interlocuteur pour les discussions sur l'avenir institutionnel même s'il affirme vouloir reprendre le dialogue mais uniquement avec l'Etat.
La balle est désormais dans le camp des responsables indépendantistes qui – et c'est un comble – font aujourd'hui figure de modérés alors qu'ils étaient, ces dernières années, considérés comme les plus durs du FLNKS. Mais l'on peut s'inquiéter de la participation à ce congrès controversé – dont les décisions n'ont pas de réelle validité – des deux parlementaires Union calédonienne.
Auront-ils le courage de dénoncer la mascarade à laquelle on a assisté ce week-end, ou vont-ils assumer leur complicité ?
Une actualité chasse l'autre et la nomination de Christian Téin a presque fait oublier la défaite de Roch Wamytan. Il paraissait indécent, en raison de l'ambiguïté de ses déclarations et de ses prises de position, de le reconduire à la tête de la première institution calédonienne. Et apparemment, il n'avait rien vu venir. Jusqu'au dernier moment, il n'a pas cru que ses alliés de la majorité océanienne allaient le trahir en faisant preuve d'un beau sens de l'opportunisme. Et maintenant ? Faut-il croire à la réalité d'une majorité de reconstruction et à la volonté sincère de s'unir au-delà des divergences ? Il fallait sans doute faire le pari et relever le défi même si la plus grande vigilance devra être de mise.
Et face au chaos qu'est devenue la vie politique calédonienne, avec la défection du partenaire indépendantiste, il faudra que l'Etat joue tout son rôle avec discernement. Sans oublier, par exemple, que le FLNKS avait imposé la présence de Christian Téin à l'entretien avec le président de la République, à Nouméa, en prétendant que c'était un élément d'apaisement.
Espérons que l'Etat ne se laissera pas prendre aux différentes mascarades.