La CCAT, création de l'Union calédonienne, a tout cassé.
En quelques jours, elle a détruit la Nouvelle-Calédonie. Elle a effacé trente ans de vivre ensemble, de développement et de prospérité. Elle a fait s'effondrer l'économie calédonienne dans des proportions que l'on n'a pas fini de mesurer. Elle a pratiqué – au sens propre – la politique de la terre brûlée et elle a laissé un champ de ruines sur lequel nous mettrons des années à reconstruire. Elle a mené une insurrection d'une violence inédite avec un incroyable déferlement de haine.
Mais c'est fini !
5 mois après, on passe l'éponge, on tourne la page. On fait comme si rien ne s'était passé et on attend, impatiemment, de se retrouver autour de la table, pour reprendre les discussions là où on les avait interrompues, le 13 mai.
Et de toute façon, c'est l'Etat le coupable !
C'est lui qui n'a pas su maintenir l'ordre public. C'est lui qui n'a pas su mener intelligemment les discussions sur l'avenir institutionnel. Alors, il doit assumer ses responsabilités et il doit payer !
Au sens propre comme au sens figuré.
C'est le discours hallucinant que l'on entend se développer dans une partie de la classe politique et c'est, singulièrement, celui du leader de Calédonie ensemble.
A l'entendre, on efface tout. On oublie tout et on recommence comme avant puisque, de toute façon, c'est la France qui doit payer.
D'ailleurs – nous explique doctement Philippe Gomès – on doit discuter avec l'UC, voire avec la CCAT.
Il n'est pas question de les exclure - dit-il - parce que "si Jacques Lafleur avait raisonné comme ça en 1988, il n'y aurait jamais eu les accords de Matignon".
Comparaison n'est pas raison et, tout le monde le sait, 2024 n'est pas 1988.
Pendant les événements des années 80, la Calédonie a connu une guerre civile et elle ne succédait pas à des accords signés en confiance pour créer une communauté de destin. Et ceux qui étaient sur le terrain étaient des militants politiques qui obéissaient à des consignes et à des mots d'ordre.
Ce qui s'est passé le 13 mai, est complètement différent. C'est une tentative des indépendantistes les plus radicaux, de prendre, par la force, le pouvoir que leur refusaient les urnes. C'est une insurrection d'une violence incroyable orchestrée, organisée, suscitée, par des puissances étrangères. Et passé l'épisode de violence destructrice, les émeutiers, pour la plupart, ne sont pas sensibles aux mots d'ordre politiques. Quand les leaders indépendantistes appellent à l'apaisement, ou à la levée des barrages, ils ne sont pas entendus, ils ne sont pas suivis. Le monstre qu'ils ont créé leur a, en partie, échappé.
Mais faut-il pour autant les exonérer de toute responsabilité ? Fallait-il emmener l'UC à Paris pour sommer l'Etat de donner 500 milliards CFP à la Nouvelle-Calédonie pour mettre en œuvre le plan quinquennal ? Et faut-il discuter avec l'UC comme si de rien n'était ? Comme si elle n'avait pas préparé, encouragé et fomenté le cataclysme qui a frappé la Nouvelle-Calédonie ?
C'est, ou de la naïveté ou de l'inconscience, et c'est prendre le risque de voir se reproduire le même processus avec la menace permanente d'un retour à la violence dès qu'une disposition ne satisfait pas les indépendantistes. L'UC, d'ailleurs, se sent déjà en position de force et elle pose ses conditions, elle, pour une reprise des discussions.
Sûr de son fait, Philippe Gomès tacle méchamment le président du gouvernement – dont il fut jadis très proche – en déclarant – je cite – "qu'après 5 mois de silence Louis Mapou est sorti de son terrier".
Le leader de Calédonie ensemble, au moins, n'a pas à en sortir. Son CCD, qui se terminait en mai, s'est vu prolonger de 18 mois, par la grâce du report des élections provinciales.
Et il n'est jamais rentré dans son terrier !