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"Ce ne sera pas une énième mission" affirme le président du Sénat et on espère que c'est vrai.

Parce que les missions, les visites présidentielle, ministérielle, parlementaire... les calédoniens en ont vu passer depuis des années, au point qu'ils sont devenus un peu sceptiques tant ils ont l'impression que l'on fait du surplace.

Combien sont venus écouter, entendre, rencontrer, produire un rapport, sans pour autant, trouver de solution à la situation inextricable dans laquelle se trouve la Nouvelle-Calédonie ?

Mais on nous l'assure, ce ne sera pas une énième mission ! 

Acceptons-en l'augure alors que les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, sont arrivés sur le territoire pour une visite inédite. Jamais les deux présidents de chambre ne s'étaient ainsi déplacés ensemble. Et ils le font, en outre, en plein débat budgétaire national. 

C'est que la situation le justifie et que le dossier calédonien requiert la mobilisation de toutes les institutions. On veut bien le croire ! 

Ils viennent au chevet d'un territoire dévasté, ruiné, déchiré, ravagé par la violence insurrectionnelle et où les urgences sont tout à la fois économiques et politiques. 

Et dans ce contexte, on s'interroge naturellement sur les objectifs de ce déplacement et sur les résultats qui peuvent en découler.

"Nous sommes là pour aider, avec humilité", déclare encore Gérard Larcher qui ajoute qu'ils viennent aider à définir un calendrier et une méthode.

Tandis que Yaël Braun Pivet précise que tout est lié, la nécessaire reconstruction économique et l'indispensable solution politique et que "c’est parce que tout est lié qu’il existe une chance de parvenir à un règlement global".

Et Gérard Larcher de renchérir "Découpler l’ensemble, c’est aller à l’échec."

Clairement, les deux présidents de chambre veulent inaugurer une nouvelle méthode, en étant convaincus que les solutions doivent être préparées en Calédonie et non à Paris. Et le président du Sénat a un credo qu'il a déjà décliné depuis son arrivée, hier, "faire de deux rêves, un rêve partagé." 

Il est persuadé que la Nouvelle-Calédonie française et l'indépendance peuvent se conjuguer dans un rêve partagé, que l'on peut trouver un chemin pour aller vers une autonomie très poussée sans rupture du lien avec la République et il propose "d'inventer une réponse institutionnelle originale et pérenne."

C'est précisément ce que l'on cherche depuis des décennies après que les accords de Matignon aient jeté les bases de cette solution institutionnelle originale dans laquelle la Nouvelle-Calédonie était divisée en trois provinces pour un meilleur partage du pouvoir, avec une province dirigée par les partisans de la France et deux provinces gouvernés par les indépendantistes, dans une forme de fédéralisme interne qui ne disait pas forcément son nom.

La mise en œuvre de l'Accord de Nouméa, et surtout ses trois référendums d'autodétermination mortifères, ont remis en cause ce bel ordonnancement jusqu'à cette flambée de violence inédite du 13 mai. Parce que l'on accuse le projet de loi constitutionnelle d'avoir été le déclencheur de cette insurrection mais c'est faire peu de cas de ce qui l'a précédée.  Ces trois référendums, en 4 ans, qui ont exacerbé les passions et les tensions et sur lesquels se sont fracassés les trente ans de vivre ensemble qui avaient été patiemment élaborés. 

Aujourd'hui, après une telle expérience, il est hors sujet de reparler d'autodétermination sauf à oublier la réponse apportée à trois reprises par les calédoniens qui veulent rester français. 

Mais il est encore temps d'imaginer et d'inventer une solution novatrice. Et si la venue des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale permet d'en jeter les bases, leur mission ne sera pas une énième mission. Elle sera bien plus que cela. 

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