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Tel le dieu Janus, l'Union calédonienne a deux visages.
Celui, amène et apaisé, de son nouveau président qui affirme ne pas être le chef de l'insurrection mais celui d'un mouvement politique
Et celui tourmenté, violent et destructeur de la CCAT qui est encore très présente dans le bureau politique de l'UC.
Alors, partage de rôles ou véritable dissension au sein du parti ? 
L'avenir le dira et les actes et prises de positions aussi.

A ce titre, la motion de politique générale adoptée par le 55ème congrès n'est pas très encourageante. Mais les déclarations d'Emmanuel Tjibaou vont plutôt, à l'inverse, dans le sens de l'apaisement au point que l'on se demande comment la cohabitation est possible. Le nouveau président a d'ailleurs conscience de cet état de fait puisqu'il parle d'un mouvement "tiraillé en interne par des dissensions, des tensions et des positionnements pris par les uns mais non défendus par les autres. On se retrouve à faire le grand écart, dit-il, et ce n'est pas possible pour nous." 
C'est la raison pour laquelle beaucoup attendaient un congrès de la clarification mais on en est encore loin.

Et pourtant, l'UC va devoir sortir de ses ambiguïtés !
C'est elle qui, ces dernières années, a empêché l'ouverture des discussions. 
C'est elle qui a exigé des bilatérales avec l'Etat avant de refuser de discuter avec lui. 
C'est elle qui s'est systématiquement opposée aux rencontres trilatérales que l'Etat a essayé d'organiser depuis le 3ème référendum. 
Désormais, l'Union calédonienne est au pied du mur. Elle va devoir choisir entre la ligne radicale de sa motion de politique générale – qui assène un calendrier d'accession inéluctable à la pleine souveraineté – et la position de son président qui affirme, lui, vouloir reprendre les discussions avec l'Etat et avec ses compatriotes qui veulent le maintien dans la France.
Une attitude conforme à l'Accord de Nouméa qui prévoit, qu'à l'issue de trois référendums qui auront refusé l'indépendance, les partenaires se retrouvent pour examiner la situation ainsi créée.

C'est donc au sein de l'UC que va s'exercer le rapport de force, et au sein du FLNKS, aussi, puisque l'Union calédonienne va devoir réparer la fracture créée par les violences insurrectionnelles et essayer de trouver la voie de la réconciliation avec le PALIKA et l'UPM. 
Le nouveau président a déjà lancé quelques signaux. Alors que le président de l'UPM regrettait, récemment, que lors des émeutes du 13 mai, le FLNKS ait abandonné les valeurs qui étaient les siennes, Emmanuel Tjibaou évoque "l'obligation de respecter les valeurs qui sont portées par le mouvement" et il rappelle que l'objectif est d'accéder "pacifiquement" à la souveraineté. 

Maintenant qu'il a été porté à la présidence, va-t-il être l'otage de son bureau et de ce qu'il reste de la CCAT ou va-t-il arriver à faire adhérer à une ligne plus constructive ? 

Ce sera tout l'enjeu des prochaines semaines, dans la perspective de la recherche d'un accord, d'ici le mois de mars, pour l'organisation des provinciales fin novembre 2025. Un calendrier incompatible avec l'agenda cadenassé de la motion de politique générale de l'UC qui prévoit – et je cite – "la signature de l’Accord de Kanaky au plus tard le 24 septembre 2025 fixant obligatoirement une date d’accession effective à la pleine souveraineté."

On est habitué aux rodomontades des indépendantistes et à leurs "tops" successifs vers l'indépendance. On connait aussi leur rapport compliqué au temps. 
Et d'ailleurs – si ça peut vous rassurer – ils nous fixent une date pour l'accession à la pleine souveraineté mais ils ne savent toujours pas quand aura lieu le prochain congrès du FLNKS.

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