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Simple renouvellement ? Rupture ? Ou changement dans la continuité ? 
Il est trop tôt pour savoir quelle interprétation donner à l'élection d'Emanuel Tjibaou à la tête de l'Union calédonienne. 
Mais curieusement, le plus vieux parti de Nouvelle-Calédonie a un sens aigu de la communication. En nommant à sa tête le fils du leader kanak assassiné, l'UC est assurée d'un certain retentissement médiatique, au point que l'on se demande si ce n'est pas l'un des objectifs recherchés.

Parce que d'Emmanuel Tjibaou on sait finalement peu de choses malgré son élection, en juillet dernier, comme député de la seconde circonscription. Déjà, à l'époque sa candidature avait surpris puisqu'il avait, jusque-là, consacré sa carrière à la culture plutôt qu'à la politique. 

Mais bon sang ne saurait mentir ! 
Très jeune, il a été immergé dans la vie politique en étant issu de deux familles et de deux clans, les Tjibaou et les Wetta, qui ont toujours été très impliqués dans la vie publique calédonienne même si c'était, à l'origine, dans des camps opposés.
A ce titre, il a d'ailleurs surpris en siégeant, à l'Assemblée nationale, dans le groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine qui est en réalité, le groupe communiste, bien loin des engagements familiaux...

Emmanuel Tjibaou met donc ses pas dans ceux de son père, qui avait présidé l'Union calédonienne de 1986 à 1989, mais on ne sait pas vraiment où il se situe dans l'effervescence que connait le monde indépendantiste. 

Le FLNKS est profondément divisé. Il est en voie de décomposition voire d'explosion et l'Union calédonienne – qui porte une lourde responsabilité dans le délitement du front indépendantiste – est, elle-même, traversée de courants contraires et gangrénée par l'existence de la CCAT.

C'est dans ce contexte que Daniel Goa a "rendu son manteau" après 12 ans de présidence, illustrés par des discours d'une extrême violence. Mais avant de quitter le devant de la scène, il avait poussé la candidature d'Emmanuel Tjibaou, originaire comme lui, de la commune de Hienghène.

Alors quel ton, Emmanuel Tjibaou va-t-il donner à sa présidence ? 
Va-t-il poursuivre le durcissement de son prédécesseur ? Va-t-il soutenir les durs ou les modérés ? Va-t-il tenter un improbable rapprochement des deux tendances ? 
Le nouveau bureau de l'UC est rajeuni et, en apparence, il semble traduire une sorte de synthèse entre les radicaux et les autres mais il faut rester prudent. 

On note le départ de Gilbert Tyuienon mais l'arrivée de Michaël Forrest et le maintien de Dominique Fochi au secrétariat général. On relève, aussi, que le commissaire général de l'Union calédonienne reste un certain Christian Téin. Preuve que l'UC nouvelle formule ne va pas désavouer la CCAT et sa violence destructrice, à moins – on peut toujours rêver – que ce soit une manière de la garder sous contrôle.

La réponse à ces interrogations, sur le positionnement de l'UC intéresse bien au-delà de la mouvance indépendantiste. Il en va, d'abord, de l'unité ou non du FLNKS et on ne sait pas encore si l'UPM et le PALIKA verront d'un bon œil l'élection d'Emmanuel Tjibaou, qui ces dernières années s'était rapproché de Paul Néaoutyine. Vont-ils considérer son élection comme le gage d'une volonté d'apaisement ou à l'inverse comme un passage à l'ennemi ? 
Et quel signe cette nouvelle présidence envoie-t-elle dans la perspective des discussions sur l'avenir ? Emmanuel Tjibaou va-t-il influer la ligne de l'UC vers la recherche d'un accord global et va-t-il favoriser des discussions avec les partisans de la France ? 

Beaucoup d'interrogations et, pour l'instant peu de réponses parce que, on l'a appris ces dernières années, l'UC a des raisons que la raison ne connait pas.

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